Marjorie, ou le “féminicide” à la carte

Marjorie, ou le “féminicide” à la carte

L’hébétude de l’idéologie devant le fait divers et le crime anomique ; remarque sur une aporie des discours de propagande.

Le 14 mai dernier, Marjorie, dix-sept ans, était tuée à coups de couteau à Ivry-sur-Seine par « Alvin M. », un collégien de quatorze ans. Elle s’était rendue devant l’immeuble de la cité Pierre-et-Marie-Curie, dite cité Hoche, où il habite, pour défendre sa petite sœur que le garçon avait prise à partie quelques heures plus tôt dans un groupe Snapchat.

Dans les semaines suivant les faits, l’association du prénom #Marjorie et du mot « féminicide » ne produisait sur Twitter que deux ou trois résultats [1] : des tweets émanant de particuliers et sans grand écho. Les groupes radicalisés, à l’instar d’@osezlefeminisme, observaient une réserve insolite. Le 22, jour de la « marche jaune » à Ivry en hommage à la victime, la députée LFI Clémentine Autain, esprit formaté aux slogans et outrances verbales, twittait sobrement sans prononcer le mot [2].

Où était passé le « féminicide », néologisme agité depuis des années par des milliers d’activistes, au point de s’imposer dans les journaux et jusque dans les prétoires ? L’évitement qui a été observé cette fois par tous les médias est symptomatique d’une aporie dans le montage idéologique.

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