Les choix d’orientation des femmes persévérant à déterminer une répartition des métiers et des fonctions dont l’effet est, in fine, une infériorité salariale en moyenne, il fallait que le féminisme trouve une parade. La « lutte contre les stéréotypes » est la réponse de la doxa à cette rébellion du réel.
Le 4 août 2014, la loi « pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » hissait au rang des priorités nationales le « recul des stéréotypes sexistes » – chargeant entre autres le CSA d’une mission de surveillance et de sanction des contenus audiovisuels1. Après la constitution du « HCEfh », entité dont le budget2 semble largement affecté à leur dénonciation, les « stéréotypes » devenaient ainsi l’un des référents négatifs majeurs de la parole et de l’action publiques, et du kit de qualification du mal (« terrorisme », « populisme », « addiction », « xéno/homo/islamo-phobie », etc.). Le 19 mai 2015, le ministre du travail François Rebsamen annonçait dans le cadre d’un assez velléitaire « plan de lutte contre les discriminations en entreprise » (nouveaux indicateurs, valorisation des bonnes pratiques, études ad hoc…), le lancement prochain d’une « grande campagne de sensibilisation auprès du grand public sur le thème de la lutte contre les stéréotypes ».
Quel est donc cet objet de la propagande ? Le présent propos est de déconstruire la notion de stéréotype, en la soumettant à quelques questions simples. En quoi se différencie-t-elle ? Depuis quand est-elle apparue ? Comment une société préoccupée d’elle-même et de sa représentation a-t-elle pu être tenue si longtemps dans l’ignorance qu’elle était agie par des stéréotypes ? D’où émane l’énoncé de la « lutte contre les stéréotypes », quels intérêts engage sa promotion dans le discours étatique ? Où s’étend son domaine ? Lire la suite