Entretenant avec les aspirations professionnelles des femmes la relation d’une avant-garde autoproclamée à une masse tenue pour ignorante[1], le féminisme est à la fois un ethos d’intellectuels[2], et une idéologie légitimante. Du capital.
Le féminisme répond, comme toute idéologie, à un besoin de légitimation de classes savantes [3] engagées dans la conquête ou la sauvegarde du pouvoir. Il est manié dans le cadre d’une économie du discours, où les surenchères et les atténuations tracent les frontières entre les camps et engagent le populaire, dont on sollicite le vote, à prendre l’affaire au sérieux. En cela, le féminisme s’inscrit dans le lot de la vie des partis, la cuisine des programmes, les bricolages d’estrade.
Mais il est plus que cela. Car les classes savantes sont aujourd’hui beaucoup plus nombreuses que ne l’étaient, entre 1848 et la Libération, celles qui misèrent pour s’avancer sur les aspirations des classes ouvrières.
Ce n’est plus seulement l’État et ses prébendes qui sont en ligne de mire, mais toutes les organisations et institutions, privées comme publiques, auxquelles est attachée une forme de prestige social. Lire la suite